
Mardi 21 janvier, Jacques Simonian, figure emblématique de la vieille ville de Valence et boucher incontournable, s’est éteint à l’âge de 88 ans. Avec lui disparaît un pan d’histoire locale, marqué par la passion, la tradition et un profond ancrage dans la vie locale.
Issu d’une famille d’immigrés arméniens ayant fui le génocide de 1915, Jacques Simonian incarnait l’héritage d’un travail et d’un engagement. En 1933, son père, Sétrack Simonian, a ouvert la Boucherie Simonian, place de la Pierre. Très vite, cette enseigne est devenue bien plus qu’un simple commerce : un lieu de vie, de partage et de solidarité, enraciné dans le quartier et dans la diaspora arménienne.
En 1964, la boucherie déménage place du Présidial, où elle restera jusqu’à sa fermeture définitive, il y a quatre ans. C’est là que Jacques, dès l’âge de 14 ans, a fait ses armes en tant que tueur aux abattoirs avant de reprendre l’affaire familiale. Grâce à son engagement et son dévouement, il a fait rayonner la Boucherie Simonian bien au-delà des frontières de Valence. Dans les années 60, avec un camion tout neuf, il fait des tournées dans les nouveaux quartiers de Bourg-lès-Valence.
Une boucherie pas comme les autres
Plus qu’un commerce, la Boucherie Simonian était un lieu où se mêlaient échanges et convivialité. Connue pour ses spécialités, comme les fameuses boulettes « kebabs », les merguez, le foie gras maison ou encore le soudjouk (saucisson arménien), la boucherie attirait non seulement les gourmets locaux mais aussi les curieux et les gens de passage.
Au fil des ans, le commerce est devenu une véritable institution. Les habitués venaient y chercher bien plus que des produits de qualité : des conversations philosophiques, des conseils pratiques, un appartement à acheter et parfois même… une rencontre amoureuse ! Lieu de confidences et de projets, la Boucherie Simonian était le cœur battant d’un quartier plein de vie et d’histoire.
Considéré comme le maire du quartier par de nombreux habitants, comme Monseigneur Marchand, ancien évêque de Valence, il était la mémoire vivante du vieux Valence. Il a servi tour à tour les figures politiques locales de tous bords : Rodolphe Pesce, Michelle Rivasi, Lena Balsan, Patrick Labaune ou encore Nicolas Daragon, les grandes institutions telles que La Clinique Générale, le Centre des Baumes, et bien sûr tous les restaurants du quartier de la place de Clercs. Apprécié pour sa bonne viande mais aussi son humanité, ses connaissances et sa mémoire, il était une figure respectée du commerce de centre ville.
Une passion jusqu’à la fin
Jacques Simonian, surnommé affectueusement « Jacquot », a consacré sa vie à son métier. Travaillant sans relâche, il est resté actif jusqu’à ses 84 ans, seulement stoppé par le Covid. Malgré cet arrêt forcé, il a laissé une empreinte indélébile dans le cœur de ses clients et amis.
Le mardi 21 janvier marque la fin d’une histoire unique, celle de la Boucherie Simonian. Jacques Simonian vient de tirer sa révérence. Avec lui s’éteint non seulement une institution valentinoise mais aussi un exemple vibrant de persévérance, d’humanité, d’humilité et de passion pour son métier.
Nul doute que son épouse Jeannine et ses enfants et petit-enfants continueront de perpétré sa mémoire dans les rues de Valence.
Merci, Jacques, pour votre héritage et vos années au service de Valence et de ses habitants.
Ses obsèques auront lieu en l’Eglise Saint-Sahag, le jeudi 30 janvier à 10h.